vendredi 25 novembre 2011

Restauration Laverda 750 SF "K2" (ex-Police Koweit)


Afin d'assouvir une certaine forme d' "addiction" à la restauration des motos anciennes, et des Laverda de Breganze en particulier, nous allons tenter après avoir achevé la restauration de la SF'71 ci-dessous, une nouvelle ... reconstruction, car la machine dont nous disposons, est loin de réunir les pièces nécessaires à sa restauration !










Restauration ayant pour objet de faire revivre une partie du patrimoine historique de Laverda, avec cette ultime 750 ex-"Koweït". Ainsi dénomée, car il s'agit d'un modèle spécial délivré en 1977 à la police de l'Emirat du Koweït en un petit nombre d'exemplaires.


Ces machines étaient étroitement dérivées du modèle GTL ci-contre, avec des roues à rayons et des freins tambour, et dotées d'un équipement assez proche de la version "Polizia" des carabinieri italiens. Cependant elles bénéficiaient du moteur et du cadre frappé SF3, alors que les SF3 avaient encore un cadre frappé SF2 ! Elles furent les dernières 750 fabriquées à BREGANZE.





Après plus d'une décennie  d'utilisation, dans des conditions climatiques très rudes, ces machines ont été réformées et revendues en mars 1989, à l'importateur Laverda en Allemagne, comme le confirment les documents officiels dont nous disposons pour immatriculer cette moto.




Livraison de cette moto, avec le lot "Kuwait Police", en Allemagne (RFA)


Sachant qu'il est très difficile de retrouver certains éléments de carrosserie, ou moteur comme l'alternateur, dont seules ces machines (et quelques SFC en course, comme aux 24H d'Oss) étaient dotées, nous choisissons de nous exonérer de respecter la configuration "Police" d'origine.


Laissant ainsi libre cours à notre plaisir de reconstruire une 750 SF  personnalisée, nous reprenons le style élégant de la SF2, tout en apportant quelques légères retouches techniques ou stylistiques, pour créer un modèle néologique ; la 750 SF "K2".

Avant de commencer le travail, nous avons déjà réuni un maximum de pièces neuves, restaurées ou rechromées pour assembler cette moto autour de son cadre d'origine, lui-même déjà thermolaqué (qualité architecture).
Certaines de ces pièces neuves, originales, initialement acquises pour un autre projet, lors d'un déplacement à BREGANZE le 2 avril 1975, où nous étions invités à visiter la toute nouvelle usine,  trouveront sur cette moto leur destination finale... 



HISTORIQUE DE CETTE MACHINE : "THE LAST ONE" (?)


Les registres du constructeur de BREGANZE, indiquent que la dernière 750 construite porte le numéro 19634, mais il est notoire que quelques machines supplémentaires ont été produites ultérieurement, à la demande, et notamment cette commande spéciale pour la police Koweïti, dont cette machine fait partie . 

Avec son numéro 19652, il est certain que cette moto est  l'une des toutes dernières 750 Laverda produites à BREGANZE (en octobre 1977 selon certaines sources ?), et peut-être même la dernière à pouvoir justifier d'un historique limpide via des documents de circulation officiels (Koweiti, puis Allemands -RFA-, et aujourd'hui Français).

C'est naturellement avec un soin tout particulier que nous allons tenter de remettre cette moto sur la route dans les mois à venir, au regard de son histoire, et du symbole affectif qu'elle représente pour nous !


Pour personnaliser cette machine, nous avons délibérément pris des options techniques et esthétiques légèrement différentes des choix de l'usine, telles que cadre manganèse métalisé, ou bras oscillant chromé et carter de chaîne thermolaqué. Les amortisseurs KONI sont des originaux, provenant de notre  stock d'époque, ils vont remplacer avantageusement les Cériani d'origine, trop fermes en solo.



Pour la partie cycle, nous avons choisi de substituer au système de freinage à tambour, un ensemble BREMBO, composé du "top" de l'époque, savoir; une paire de disques Racing, un maître-cylindre et des étriers d'origine, neufs, tels que montés sur les SF2/SF3 à l'époque, mais avec un kit durites "aviation" et des plaquettes "racing".



Cet ensemble sera monté avec une roue neuve,  sur une fourche CERIANI de plus gros diamètre (38 mm), refaite à neuf, et équipée de ressorts progressifs :







La partie cycle étant en stand by, nous attaquons le remontage du moteur par le "haut", car le choix de la culasse est déterminant pour définir le reste de l'équipage mobile. 

Le choix devant se faire entre une culasse type SFC 74 modifiée ou une culasse SF2, pour lesquelles nous avons fait changer les guides, et rectifier les sièges de soupapes par Gijs van Dijk, un préparateur Laverda de renommée internationale ... 

D'autre part, entre un vilebrequin d'origine, ou un type Racing; très allégé avec bielles Carillo et chaîne simplex.





L'usage de cette machine étant exclusivement routier, nous faisons le choix raisonnable de privilégier vilebrequin d'origine et culasse SF2 ancienne fonderie, avec ses grosses soupapes de 8 mm...





... et des arbres à cames type standard (7/1) sur des roulements neufs :








Montage de pistons Mondial originaux renforcés (80 mm) ...après équilibrage ! Avec des chemises encore dans leur emballage, provenant du vieux stock de l'usine de Breganze.








Les usinages sont en cours de réalisation...car selon toutes hypothèses, ces chemises étaient destinées aux cylindres 14 ailettes (?) Une rectification de quelques centièmes s'avérant indispensable (Merci Philippe) pour ce bloc nouvelle fonderie.




Naturellement, avec ce haut moteur neuf, il convient de monter des carburateurs neufs. Ici, il s'agit de la version moderne des anciens carburateurs Dell'Orto (36DD/DS), mais avec l'avantage de substituer aux pipes d'admission originelles, les brides  d'un montage souple sur la culasse.



Nettoyage vilebrequin et montage de bagues bronze et de roulements neufs


Montage d'une pompe à huile gros débit de chez W. Haerter, pour améliorer la lubrification de la culasse, entre-autre.




Echaudé par les chaînes duplex modernes (origine distribution Mercedes) qui cassent avant le terme des 4 heures de course... (c'est du vécu),  nous privilégions pour cette transmission primaire, le montage d'une chaîne triplex d'origine qui a fait ses preuves depuis plus de 40 ans !


Montage d'une cloche polie et équilibrée, ainsi que disques, ressorts et amortisseurs neufs.


                                                                                                                Les pièces de Laverda se font de plus en plus rares, alors trouver des pièces neuves originales comme ce carter de transmission primaire, n'est pas très fréquent,                                    
                                                                                     mais heureusement quelques fournisseurs comme W. Haerter proposent des copies pour certaines pièces ; 
pour exemple : ces connecteurs d'échappement en inox, mieux que neuf !
ou ces plaques de vidange, modifiées pour la Koweit ou fabrications spéciales CNC








Et aussi quelques artisans qui savent encore remettre à neuf nos vieilles dynamos, démarreurs, et leurs poulies. 





Maintenant que le moteur est dans le cadre, et que les branchements électriques ont été effectués par mon ami Daniel (un grand spécialiste de motos anciennes toutes marques), nous attaquons la dernière ligne droite du remontage et la peinture, avant les beaux jours...


Laverda c'est le pied, ... même si ... !



Beaux jours retrouvés sous le soleil d'Italie, mais retour avec un "souvenir" qui nous a fait prendre plus d'un mois de retard dans ce projet, mais les affaires vont reprendre ... après le Classic Race.









Le connecteur d'échappement inox, très discret contrairement à celui d'origine ...